Meaning(s) ou quelque chose plutôt que rien?
Un spectacle conçu par Pierre Sarzacq. Après plusieurs périodes d’expérimentations où nous avons traversé de multiples matériaux textuels, gestuels, chorégraphiques, scénographiques… ; après avoir œuvré à donner une direction à notre travail, un sens, une écriture, bref à créer, nous livrons aujourd’hui le fruit de nos expériences : une proposition de regard d’une génération sur elle-même et sur le monde. Comme une petite lueur possible ?
Blog sur un spectacle passé
Ce blog est maintenant ancien ! Pour continuer à être informé de l'activité de la compagnie NBA Spectacle, c'est par ici :
CHALON DANS LA RUE 2015 - BIP - NBA SPECTACLE
Venez nous voir cet été 2015 à Chalon dans la rue !
Nous jouons Cour du Musée Niépce à 18h les 23, 24, 25, 26 juillet (pastille 10).
Nous jouons Cour du Musée Niépce à 18h les 23, 24, 25, 26 juillet (pastille 10).
Avec un teaser !
Conception et mise en scène : Pierre Sarzacq
Scénographie : Cyrille Guillochon
Jeu (distribution Chalon) : Manuel Garcie-Kilian
Simon Le Moullec
Mathilde Monjanel
Anne Sophie Sterck
Yoan Charles
A propos de BIP. Interview.
Prochaine représentations au Festival d'Aurillac du mercredi 21 août au 23 août à 15 H. (Une représentation le samedi 24 août, horaire à définir...)
Ça se passera à la Cour de l'Ecole Paul Doumer / Collectif du Troc. 95, avenue de la République - 15000 Aurillac.
Renseignements/réservations : cie.nba@gmail.com – 06.86.80.61.02
Renseignements/réservations : cie.nba@gmail.com – 06.86.80.61.02
This summer : BIP ! Ou plutôt que rien, quelque chose !
Notre nouvelle création pour la rue : nous avons le plaisir de vous inviter !
BIP !
Ou plutôt que rien, quelque chose !
-LES AFFRANCHIS – LA FLECHE (72)
Samedi 6 juillet à 17h et 20h30
Dimanche 7 juillet à 16h et 19h
-Festival d'Aurillac
mercredi 21 août au 23 août à 15 H. (Une représentation le samedi 24 août, horaire à définir...)
Mise en scène : Pierre Sarzacq
Scénographie : Cyrille Guillochon
Julie Duchausoy, Manuel Garcie-Kilian, Simon Le Moullec, Mathilde Monjanel, Anne Sophie Sterck
Renseignements/réservations : cie.nba@gmail.com – 06.86.80.61.02
Bip !
Bip comme Brigade d’Intervention Publique
Bip comme Besoin Impérieux de Parler
Bip comme Besoin d’Investir les Places
Bip comme Bâtir, Imaginer, Provoquer
Bip comme Biiiiiiiiip ! Ces petits bruits entêtants, qui rythment notre existence,
nous rappellent à l’ordre, nous alertent, nous tiennent en éveil…..
Après Meaning(s), la proposition d’un regard de la jeunesse sur le monde, ses questions, ses doutes, ses colères, ses envie, ses espoirs….Cinq jeunes gens qui avec énergie et enthousiasme, nous interpellent : c’est quoi, avoir 25 ans en 2013 ?
Coproductions :
avec le soutien de: Le Carroi/Les Affranchis/La Flèche (72)
Harri Xuri/Sivom Artzamendi/lieu de fabrique des arts de la rue/Louhossoa (64)
On joue au TU de Nantes !
16/17/18 OCT. 2013 à 20H30
Représentations
AU TU-NANTES - Durée : 1H20
"PUISQUE CES MYSTÈRES NOUS DÉPASSENT, FEIGNONS D'EN ÊTRE LES ORGANISATEURS." - JEAN COCTEAU
Sept jeunes individus présentent leurs profils, à la manière de ceux que l’on trouve sur les réseaux sociaux. Ainsi, ils arpentent, explorent, fouillent et bouleversent le plateau en quête d’un sens à donner au monde qui échoit à leur génération. Pas de réponse, en définitive, mais des tentatives multiples qui déjouent le fatalisme. Pas d’états d’âme, sinon une vitalité communicative pour concilier des trajectoires individuelles avec un sens commun.
Avec cette équipe « générationnelle », la compagnie NBA questionne l’expérience nouvelle de l’autonomie propre aux adultes. L’expérimentation s’appuie sur de multiples matériaux apportés par chacun, puisant aussi bien dans des textes philosophiques ou poétiques, des courriels et des souvenirs que dans des chorégraphies collectives ou la musique pop. Cette proposition pétillante et émancipée est un pied de nez moqueur aux postures fatalistes, inquiètes et alarmistes, des savants, journalistes, politiques, ou artistes sur le devenir du monde et de la jeunesse.
UN SPECTACLE PRÉSENTÉ DANS LE CADRE DE VOISINAGES. VOISINAGES EST UN DISPOSITIF SOUTENU PAR LA RÉGION DES PAYS DE LA LOIRE POUR ENCOURAGER LA DIFFUSION DES ÉQUIPES ARTISTIQUES. MEANING(S) EST EN TOURNÉE DANS LES PAYS DE LA LOIRE À NANTES, AU MANS ET À SAINT-BARTHÉLEMY-D’ANJOU.
Dossier du spectacle
NOTE D’INTENTION
On écrit beaucoup et partout aujourd’hui sur « l’état du monde ». Philosophes, sociologues, universitaires, historiens, savants, journalistes …et artistes s’inquiètent et tentent de décrypter les rouages de celui-ci. On déplore la perte des valeurs, la crise des utopies. On s’alarme – à juste titre sans doute – de la « catastrophe » annoncée, de l’absurdité des systèmes mis en place par les hommes et qui les conduit à leur perte. On stigmatise les « crises », on cherche à élaborer des pistes de réponses. Ces travaux exemplaires et indispensables à bien des titres sont le fruit d’observation, de recherches, de réflexions, de constructions intellectuelles menées par des femmes et des hommes d’expérience. Mais qu’en est-il du regard porté sur ces questions par la génération des « jeunes adultes », c’est-à-dire des jeunes gens qui sont en passe de devenir autonomes ? Quelle vision ont-ils d’hier, d’aujourd’hui ? Comment appréhendent-t-ils leur présent, leur avenir ? Avec quelles joies et quelles angoisses se préparent-ils à élaborer des projets de vie ? Comment se situent-ils dans ce monde qu’on dit postmoderne ?
« …les anciens savaient qu’ils croyaient ;les
modernes croyaient qu’ils savaient ;et les
postmodernes croient qu’ils ne croient plus à
rien. C’est précisément cette dernière croyance
qu’il faut ruiner (…) . Tout a été déconstruit,
démystifié, démantibulé, discrédité, dépassé,
décomposé, découpé en tranche, digéré, déféqué.
Tout ? Non. »
Guillaume Paoli*
Notre projet se propose de soulever ces questions et d’en faire théâtre.
*extrait de « Eloge de la démotivation ». Guillaume Paoli est philosophe attaché au Théâtre de Leipzig.
LE PROJET
« Soulever ces questions… »
Nous nous proposons de réunir un groupe de jeunes comédiennes et comédiens de 25 ans juste sortis, pour la plupart, des écoles nationales d’art dramatique. Nous souhaitons, en effet, que ceux-ci aient déjà eu l’occasion de se confronter au processus de création théâtrale et puissent ainsi disposer d’expérience et d’outils nourris par trois années d’immersion et de pratique. Riches de ce parcours et de l’énergie de leur début de carrière d’artiste, nous les solliciterons au cours de périodes de chantier de travail avec comme ligne directrice la question du sens.
Nous rassemblerons textes,théâtraux ou non, théoriques ou poétiques, musiques, images, sons, emblématiques des préoccupations,des avis, des envies, des traces, des empreintes, des projets, des rêves, des utopies, de chacun. Nous tenterons d’en extraire la substance et de dégager ainsi, non pas des vérités, mais l’expression de doutes, de questionnements . De ce chaos désiré, faisons le pari que pourront surgir quelques lignes de forces autour de la proposition "Tout cela signifie probablement quelque chose"
« Puisque toutes ces choses nous échappent,
feignons d’en être les organisateurs. »
Jacques Prévert
« Alors, à quoi rime tout ce cirque ? »
Hanokh Levin
« BRIAN : Vous êtes tous des individus !
LA FOULE : Nous sommes tous des individus !
BRIAN : Vous êtes tous différents !
LA FOULE : Oui, nous sommes tous différents !
UNE PETITE VOIX ISOLEE : Pas moi. »
Monty Python
Quelques questions préalables peuvent ainsi être jetées en vrac :
- Quelle place j’occupe aujourd’hui ?
- Quelle place je souhaite occuper ?
- Quelles sont mes racines ? Quelles places occupent-elles ?
- Qu’est-ce qui me détermine ?
- Qu’est-ce que c’est agir ?
- Pourquoi fais-je ce que je fais ?
- Comment je perçois ce qui s’agite autour de moi ? Les gens ? La « société » ? Les systèmes ? La nature ? Le cosmos ? Qu’est-ce que ça me fait ?
- Qu’est-ce qui est insupportable ? Qu’est-ce qui est merveilleux ?
- Quelles sont mes idoles ?
- Qu’est-ce qui est absurde ?
- Qu’est-ce qui est subversif ?
- Où est la barbarie ?
- C’est quoi les autres ?
- POURQUOI QUELQUE CHOSE PLUTÔT QUE RIEN ?
« Il faut vivre… »
Anton Tchékhov
« …et en faire théâtre. »
L’objet de notre chantier n’est bien sûr ni de provoquer une thérapie de groupe, ni de produire une analyse philosophique ou sociologique, encore moins de proposer une conférence didactique sur l’état de la jeunesse. C’est de théâtre qu’il s’agit, donc de définir et de proposer une(des) forme(s) artistique(s), une(des) esthétique(s) au service du propos qui nous occupe.
Il s’agira donc à partir des questions « soulevées » de « creuser », de « disséquer », de « triturer » celles-ci sur le plateau à travers un travail de recherche et d’improvisation. Nous serons attentifs aux mots, à la parole : comment les porter ? Comment les rendre charnels, vivants ? Quels mots ? Quelle parole ? Nous chercherons comment les corps dans leurs confrontations, leurs solitudes, leurs chocs et leurs étreintes rendent compte des doutes rencontrés. Nous provoquerons l’expression des rythmes, des souffles, des éclats de vie qui nous permettront de porter un regard singulier sur le monde dans une tentative d’un langage qui recherche la fusion du sensible et de l’intelligible.
Plus concrètement nous ferons appel aux textes de tous horizons qui nous touchent et qui évoquent nos questions. Nous nous laisserons pénétrer par ceux-ci ; nous les laisserons nous surprendre ; nous en ferons matière. Il ne s’agit pas d’illustrer mais de rendre tangible. Le recours aux langages du corps ( y compris la voix) sera omniprésent. On pourra faire appel si la nécessité s’impose à la création sonore et aux images.*
Nous proposerons donc le regard que des jeunes gens d’aujourd’hui, par ailleurs engagés dans une démarche artistique ( ce qui n’est pas innocent) , portent sur un monde tourmenté et nous ferons poésie de celui-ci.
Petit historique :
Le mise en œuvre de ce projet a été réparti sur deux saisons :
- Saison 2010/2011 : période de résidences de chantiers de travail
- Saison 2011/2012 : création et première diffusion
La première période de recherche en résidence s'est établi ainsi :
- Le Lieu Unique, scène nationale de Nantes pour les « chantiers d’artistes » du 20 septembre 2010 au 9 octobre 2010
- La Fonderie, au Mans, qui nous a accueilli 2 semaines en janvier 2011
- Le Théâtre Universitaire de Nantes dans le cadre de Studiolab du 27/04/11 au 06/05/11
La création du spectacle s'est faite :
- à la Fonderie au Mans entre le 22 août 2011 et le 2 octobre 2011
- à la Fonderie pour 8 représentations, dans la programmation de l’Espal, entre le 3 et le 11 octobre
Le spectacle sera repris en tournée en 2012/2013 notamment au Nouveau Théâtre d’Angers les 22 et 23 mai 2012, au festival du pont du bonhomme de Lanester les 22,23,24 juillet, au TU de Nantes les 16, 17, 18 octobre, et le 15 janvier 2013 à l'ESPAL au Mans. Possibilité de tournée encore ouverte.
(crédits photos : YLM picture)
Quelques pistes pour MEANING(S) … en répétition.
Lettre aux acteurs
9 mars 2011
« La question du sens, oui, mais est-ce que ça ne cherche pas à embrasser tellement de choses à la fois que le projet coure le risque de se diluer ? »
« Mais qu’est-ce que ça revendique ? »
Voilà quelques réflexions que j’ai pu entendre ou lire après la présentation du puzzle sommaire que nous avons commis lors des Chantiers d’artistes au Lieu Unique à Nantes en octobre 2010.
En effet, bonnes questions !
Après deux étapes d’expérimentation sur le plateau, où nous avons visité textes, corps, sons, images, il est bon de faire le point et de préciser l’état d’avancement de notre projet.
Quand on s’empare du mot sens le vertige nous saisit : signification –c’est le titre du spectacle- mais aussi raison d’être, idée, concept ; et encore direction, ordre des éléments d’un processus ; enfin n’oublions pas faculté de, organes de perception du réel, sensation… Autant de sens du mot qui peuvent et doivent orienter et nourrir notre travail.
QUEL EST DONC LE SENS DE MEANING(S) ?
Le Robert nous dit : « chaque mot possède un sens, une signification. L’assemblage des mots entre eux modifie et altère la signification de chacun d’eux pour constituer le sens de la phrase ». Il en va de même pour notre spectacle : un assemblage d’éclats de vie, de paroles, de corps en jeu, en mouvement, en action, en stupeur, en confrontations, en tourment et en joie. Nous accumulons les expériences de plateau puis nous devrons choisir de mettre en ordre les séquences retenues. Ces choix détermineront alors le sens de notre projet. Dramaturgiquement parlant, dire « espoirs et désespoirs » est tout à fait différent de dire « désespoirs et espoirs ».
Nous en sommes à l’heure actuelle à la phase de l’accumulation.
« Donner du sens, c’est interpréter » . C’est là où le théâtre prend sa place.
Nous explorons, dans des travaux de textes, de paroles et de corps intimement liés, une perception du monde à la fois collective ( une communauté de jeunes comédiens) et personnelle (les individus qui composent ce groupe) . Notre travail consiste à provoquer le réel pour en donner traduction et sensation. La vie du plateau qui en surgit est donc singulière et nous appartient en propre. Nous ne donnons pas de leçon, nous n’avons pas la vérité. Nous donnons à voir et à sentir par le prisme de sept jeunes personnes d’aujourd’hui.
Le Robert dit encore : « Donner du sens à une action, c’est l’associer à un système de valeurs » . Après nos premières rencontres, il me semble que nous pouvons revendiquer :
- l’affirmation du droit au doute, à la quête, à la recherche : douter plus qu’affirmer ; explorer plus que conclure ; ouvrir plus que fermer ; embrasser plutôt qu’exclure. C’est là une posture à la fois face au monde et au plateau.
- l’affirmation du droit à l’utopie : refuser la fatalité, faire confiance au rêve, à l’imaginaire, aux constructions du corps et de l’esprit : « il faut prendre l’espoir au sérieux » (Camille de Toledo )
- la nécessité de l’incarnation : dans un monde où les « flux » sont rois – flux financiers, flux cybernétiques…- et où les systèmes visent à rendre l’humanité « liquide », croire au corps et à la chair ; revendiquer l’épaisseur, la masse, la tangibilité. Il s’agit là encore d’une posture que nous voulons à la fois artistique, politique et poétique, qui détermine beaucoup sur le plateau et influence le discours et la forme. Laisser le sens advenir dans les rythmes du corps, c’est notre projet.
- la confiance dans l’acte : penser, dire et agir, accepter aussi que le « rien » fasse partie du processus, poser l’ « être » de l’individu, du groupe, de l’acteur sur le plateau, croire en notre capacité à concevoir, à inventer, à résister, à nous révolter, à bâtir, en un mot à CREER.
Questionner le sens c’est donc observer, ressentir, chercher, faire des choix, les vivre, concevoir des possibles, les mettre à l’épreuve, dans la vraie vie comme sur le plateau. C’est peut-être là le message que nous voulons délivrer : questionner le sens c’est rendre compte de cette démarche comme un sens possible à l’existence. Ainsi peut-être pourrons nous oser d’envisager des réponses à la question : quelque chose plutôt que rien ?
BON , ET ALORS ? CA DONNE QUOI ?
Lors de nos deux premières sessions de travail de plateau nous avons exploré des matériaux multiples et différents tant dans leur contenu ( ce qu’ils racontent) que dans leur forme ( textes, improvisations avec ou sans paroles, chorégraphies). Nous avons confronté ceux-ci à des formes scénographiques
variées : écrans, « globes » divers, appel au costume, choix lumineux , musiques, textes ou voix enregistrées, vidéo…
Sur le fond, je crois que nous pouvons classer nos expériences en trois catégories qui peuvent constituer, dans l’ordre dans lequel ils sont énoncés ici l’ébauche d’un fil dramaturgique (une direction, un sens). Je les nomme : #1- Le Chaos, #2- Les Peurs et #3- Les Possibles.
#1- Le Chaos :
Il s’agit là de rendre compte d’une perception de ce qui constitue notre univers et de nos comportements dans celui-ci.
De ce que nous avons traversé, je retiens les sensations d’éclatement, de suffocation, d’absurdité, de vanité, de tourbillon ; la difficulté à s’engager, à se projeter, à donner sens ; la méfiance –voire le refus- vis à vis de l’Histoire. Mais aussi la conscience de l’univocité des systèmes ( le capitalisme libéral comme unique alternative). Enfin, plus positif, le fait d’assumer ce monde comme le vôtre, voire de le revendiquer.
On peut agréger à cette catégorie :
- la séquence « la carotte et le bâton » de Guillaume Paoli comme une métaphore humoristique du système libéral, du monde du travail, d’un certain « décervellement » qui nous guette
- la séquence improvisée des « cartes d’identité » où vous finissez engloutis sous une avalanche de numéros (tél, adresses, n° de compte et autres codes d’accès) mais où surnage des bribes de vous mêmes.
- la séquence « des méduses » qui raconte l’immobilisme.
- la « chorégraphie » absurde sur Caravan Palace comme métaphore joyeuse de la vitesse du monde et de la perte du sens avec le texte enregistré de Toledo « Il y a nocturne chez Ikéa »
- la proposition de Simon sur Titanic TV comme un « état de la jeunesse »
- le texte et l’impro sur le discours du « Dictateur » de Chaplin avec la musique d’Inglorious Bastard
- la transformation de Yoan en golden boy
- la chorégraphie dite « nulle » sur le texte « Tous en forme »
- la plupart des textes de Guillaume Allardi que nous avons traité y compris «quelque chose de méchant» qui pourrait constituer une transition avec la partie suivante
#2 – Les Peurs
Un jeune allemand de 22 ans, dans un article de Courrier International, définit six points qui caractérisent et unissent la jeunesse mondiale d’aujourd’hui : la révolution de la communication, la disparition des frontières, l’anglais, le web versus la vie réelle, les défis à relever et la peur.
Ce dernier terme, à envisager aussi dans sa dimension positive ou motrice, me semble emblématique d’une tension qui existe dans la génération des 20-30 ans et qui détermine les doutes, les questions et les angoisses existentielles de celle-ci : peur de l’avenir, peur de l’échec, peur de l’ennui, peur de l’engagement, peur de manquer, peur de rater, peur du groupe, du collectif, de l’autre, de la foule, peur du risque, peur de la mort… Ces peurs déterminent parfois l’individualisme, le refuge des conforts, certains replis identitaires.
Dans ce corpus, on retrouvera toutes les séquences « métaphysiques » qui questionnent le monde et rendent compte d’une quête ou d’une difficulté à trouver sa place.
On peut retenir dans nos travaux :
- le texte d’Allardi « On ne comprend rien »
- la séquence des ballons comme métaphore du « poids du monde » et d’un certain « empêchement ». Elle pourrait être complétée par un travail chorégraphique sur le poème de Ghérassim Luca « Petit quart d’heure de culture métaphysique »
- le recours aux écrits de jeunesse de Fernando Pessoa dans « Un Singulier Regard » : sentiment aigü d’être multiple, aspiration à la grandeur d’âme, difficulté de la réalisation des désirs…
- une partie du questionnaire de France Telecom
- le poème de Tarcos « Je ne suis pas loin de moi », comme une quête identitaire. Ce travail sur la poésie me semble essentiel et mérite d’être creusé. Il peut-être associé à une recherche plus profonde sur ce que j’appelle « la phase 2 » qui permet un état de corps ultrasensible où la réalité des émotions et sensations des individus deviennent tangibles, palpables et concrets sur le plateau.
- Le court texte de Michel Rostain extrait du « Fils », pour ce qu’il raconte de désarroi et de vérité.
#3 – Les possibles
C’est l’enchaînement logique du Chaos et des Peurs. Comment réagir ? Quelles tentatives peut-on envisager face aux stimuli du monde, face aux tourments personnels ? Quelles utopies ? Quelle postures adopter ? Quelles directions prendre ? Quels choix effectuer ? Quelles portes pouvons nous ouvrir ?
Nous n’allons pas sauver le monde ! Mais nous pouvons poser sur le plateau des bribes d’espoirs, des débuts de convictions, des perspectives d’engagement avec tous les doutes et les maladresses qui nous habitent.
Faisons confiance pour cela à l’énergie de la jeunesse, à la vérité et la sincérité des paroles et des corps. Si nous réussissons cela notre projet aura pris son sens.
Dans notre parcours on peut citer :
- le poème de Ghérassim Luca « Passionnément », en premier, pour ce qu’il recèle de possible et d’engagement hésitant et difficile dans la passion.
- toutes les phases de portés pour ce qu’ils racontent de désirs, de possibilités de contacts et d’échanges, de communauté possible. On peut y associer la danse « Stand by me ». On pourrait aussi envisager un poème de Ghérassim Luca intitulé « Prendre corps ».
- le poème de Whitman « la chanson des occupations » pour ce qu’il contient de sérénité et de confiance en la capacité des hommes à construire. Est associée à ce poème la chorégraphie dite « carrée » qui peut procéder de cela aussi. L’influence de Pina Bausch y est très visible.
- le texte de Lagarce extrait de « Du Luxe et de l’Impuissance » sur les dangers du confort et sur la nécessité « du refus de l’inquiétude comme premier engagement »
- l’improvisation sur la révolte associée au texte de Pessoa « Ultimatum » pour sa violence et sa radicalité, son énergie aussi.
Ce classement peut paraître sommaire et schématique. Il a le mérite, à mon sens, de clarifier l’état de notre travail et d’envisager la suite sur un socle plus solide. Il ne préjuge pas de la suite de notre projet où tout est encore possible, ouvert et appelé à être enrichi. Toutes les séquences citées ne seront pas dans la version définitive, il y en aura d’autres.
EN VRAC : QUELQUES REFLEXIONS ET PRINCIPES
- Il me semble important dans les sources textuelles que nous utiliserons de ne pas multiplier les auteurs. Attention à l’effet « mosaïque », « catalogue ». Chaque texte devra imposer sur le plateau sa nécessité. Pour l’instant sortent du lot : Luca, Pessoa, Whitman, Lagarce, Tarkos et Toledo.Il s’agit là d’auteurs d’aujourd’hui…et d’hier. C’est bien, ces derniers peuvent apporter une distance et une profondeur salutaires. Il y a beaucoup de poètes : ça a du sens et, outre la distance et la profondeur que ces langues apportent, elles nous permettent d’éviter le cliché et ouvrent des horizons loin de tout didactisme. Continuons à creuser mais il faudra choisir.
- L’utilisation d’interventions de vos propres paroles au plus près de vous même, peut-être même sous forme semi-improvisées, me semble une piste à suivre (ce que j’appelle les « JE » : cf « cartes d’identité »). Elles peuvent constituer un fil rouge qui nous ramène à votre réalité, à votre spontanéité, à votre énergie et ainsi mettre en perspective les parties textuelles et chorégraphiques. Le type de rapport au public est à creuser ( adresse, utilisation de micros).
- La scénographie est pour l’instant tributaire de la construction du spectacle et se fera au fil de celle-ci. Les pistes de la sphère, du globe et du cadre me semble riche dans la dialectique possible entre l’universel et le particulier. Le globe, c’est le monde mais c’est aussi l’absence de direction, la forme parfaite qui laisse le champs à tous les possibles, c’est l’ouverture, le vertige, l’infini et l’imaginaire. Le cadre, c’est tout le contraire : le concret, la finitude, l’enfermement, le définitif mais aussi le focus porté sur une parole, un acte, une image. Trouvons notre sens entre ces deux pôles.
- L’usage ponctuel du costume, voire du déguisement, du travestissement, posé comme un acte, revendiqué porte en lui des possibilités dans ce qu’il raconte du désir d’ailleurs. Il peut être une métaphore porteuse et immédiate de notre capacité créatrice. Il parle aussi du théâtre, c’est-à-dire de ce que nous sommes en train de faire.
- La musique, le son, les voix enregistrées sont à concevoir comme un stimulus qui raconte du monde, de notre cadre de vie, et comme une mise en perspective du plateau. En aucun cas comme une illustration. Il en va de même pour la vidéo, dont je ne suis pas encore sûr qu’elle soit nécessaire. Elle me semble intéressante en tant que source lumineuse et scénographique poétique plus que comme une illustration du réel.
Pour terminer, je ne peux m’empêcher de partager avec vous ce texte de Camille de Toledo, extrait de « Archimondain Jolipunk » qui me bouleverse :
"Carlo Giuliani avait vingt-trois ans lorsqu’il est mort à Gênes, le 20 juillet 2001. La fenêtre arrière de la Jeep s’est brisée. C’est par là que le carabinier a tiré. Carlo Giuliani s’est approché. Il avait une cagoule sur le visage et il brandissait un extincteur. J’entends bam-bam ! Le jeune homme est tombé par terre ; un geyser de sang lui est sorti de l’œil. J’ai tout de suite compris qu’il était mort. » C’est une bavure a-t-on dit. Le carabinier a eu peur. Il était jeune. Carlo Giuliani était jeune aussi. Je ne pense pas qu’il souhaitait mourir pour le G8, mais je parierais qu’il avait pensé mourir pour tout le reste : pour ne plus vivre dans cet impossible, pour ne pas être contraint à la résignation, pour ne pas adopter le rire cynique du spectacle, enfin pour ne plus être come nous autres, des êtres suffocants à l’intérieur d’une immense cage de verre. Il a brisé une fenêtre avant de mourir. La fenêtre est cassée et c’est déjà beaucoup. Car il tient à peu de choses que cette fenêtre vaille pour toutes les autres. « Où est la sortie » se demandait Hakim Bey. Il se pourrait qu’elle soit là, aux abords de cette fenêtre cassée et de cette flaque de sang. Il se pourrait aussi qu’il n’y ait plus jamais écrit nulle part le mot EXIT."
A bientôt !
Pierre Sarzac
(Les photos issue de ce post ont été prises sur le vif en répétions au LU à Nantes)
Réflexion sur le spectacle
Meanings est avant tout un plateau « libre » où sont invités en tant qu’être et en tant qu’acteur une même génération d’artiste. Cette frontière très proche entre ce que nous sommes, d’où nous venons, vers où nous allons et celle du travail de plateau regardé par un artiste n’appartenant pas à cette génération est déjà en soi un axe de travail inédit.
Comment allons nous franchir, nous affranchir, de nos êtres et de nos acteurs ?
Je parle de jaillissement, de proposition sans fin ni début.
Pourtant j’imagine quelque chose qu’on pourrait identifier au bout comme un parcours ; fait de sensible et d’intelligible. S’il y a quelque chose à creuser c’est bien là.
Comment allons nous faire pour équilibrer la sensation, de la raison, afin de toucher l’Autre ? Fort. Fort comme une émotion musicale ou picturale. Ce sont les seules qui arrivent à me tirer de force avec joie et violence vers mon Rêve.
De quoi je parle quand je parle de Meanings aves mes colègues ?
Je leur parle d’un homme qui ne s’exprime qu’avec des onomatopées alors qu’il adore les « grands textes », du questionnaire France télécom et de mon éducation naturiste, de ma peur quand j’avais 7 ans d’être nul en mathématique et donc de finir chômeur. Je ne leur parle pas de ça pour imaginer un pot pourri, je leur en parle comme si toutes ces informations ne formaient qu’une seule grande histoire qui ne serait pas ma « petite histoire privée » comme dit Deleuze, mais qui raconte le sens dans lequel vont les choses chez moi. C’est cela Meanings, une grille de lecture où la différence des matériaux n’est pas vue comme une incongruité dans le paysage mais bien comme un détail du poème global.
C’est la possibilité de crier, reprendre son souffle faire une table de multiplication, entamer un karaoké, pour finalement danser un slow tout seul parmi la foule des voyeurs.
En fait je sens qu’on ne me parle qu’avec des informations, contradictoires, des émotions et des sens qui vont en contresens d’une certaine Histoire ou Morale qui plane dans mon imaginaire citoyen. Meanings pourrait être l’expression théâtrale la plus proche de cet éclatement. Mettre en lumière, en corps, en cri et en mot cela pour ne plus subir et pouvoir commencer à rêver.
Ce n’est pas l’anéantissement du Sens, c’est au contraire sa quête profonde et joyeuse !
Simon Le Moullec.
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